Qui se souvient qu'un point d'interrogation prend un espace avant et un autre après, un point pas d'espace avant mais un après ? Quel logiciel d'édition intègre encore les espaces insécables chers à mon coeur ? Qui prend la peine d'utiliser les accents quand il écrit un mail de son iphone (ou pas, d'ailleurs) ?
Et qui n'a jamais transgressé sciemment une de ces règles pour faire tenir son titre sur une ligne / éviter que la ponctuation se retrouve seule et malheureuse à la ligne / tenir en 140 signes ?
J'avoue,   (soit "non-breakable space", soit "espace insécable" en langage machine) est l'un des premiers enchaînements HTML (qui a dit "et le dernier" ??) que j'aie maîtrisé. Un point d'exclamation collé à son titre m'oppresse et une virgule trop entourée d'espaces me fait pitié. Bref, j'aime les règles typographiques, d'un amour désuet et voué à l'échec dans notre média, si je souhaite être sincère avec moi-même.
Mais l'espèce ponctuatoire en voie de disparition qui m'émeut le plus, c'est le point-virgule. Un moment rare et subtil, le point-virgule. Une respiration dans les longues phrases, une nuance du discours. Bref : un dinosaure dans notre univers de phrases courtes, percutantes, monotâches. Une constatation déjà établie par rue89 il y a deux ans, au sujet des nouveaux usages journalistiques, mais que le web accentue drastiquement.
Tout n'est pas perdu cependant : il est un usage où le point-virgule est devenu indispensable... et c'est celui du smiley. De l'objet littéraire et vaguement précieux, le point-virgule est soudain devenu un accessoire du lol et du langage sms. Triste déchéance. Mais qui aura au moins l'avantage de préserver encore un temps sa place sur nos claviers ;-)
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